L’hypersensibilité est-elle liée au haut potentiel ? Caractéristiques d’un hypersensible

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Ecrit par Paul Dugué

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L’hypersensibilité est un trait de caractère présent chez de nombreuses personnes sans pour autant qu’elles ne s’en rendent compte. Dans mon cas, une fois que je l’ai compris, j’ai pu mettre en place des stratégies qui m’ont permis de me sentir beaucoup mieux (et surtout de comprendre certaines de mes réactions). C’est généralement une particularité d’une personne à haut potentiel intellectuel, d’un enfant à haut potentiel (donc d’un enfant surdoué comme on les nomme parfois). Cette recherche de l’affectif peut faire ressentir un décalage avec les autres. Ce potentiel émotionnel, qui peut arriver chez les surdoués de manière extrêmement précoce, peut être un frein pour s’épanouir. Je propose donc ici une explication, une aide potentielle, pour ces grands émotionnels.

Hypersensible : définition

Être hypersensible, c’est avoir une sensibilité (émotionnelle ou sensitive) plus haute que la moyenne. Cette hypersensibilité peut être provisoire ou durable. Par exemple, la cicatrisation suite à une blessure peut amener une hypersensibilité tactile provisoire (le temps que tout redevienne normal). À l’inverse, un individu très émotif sera un hypersensible émotionnel durable. Il est important de noter que cette hypersensibilité peut être perçue comme « exagérée » par l’entourage.

Elaine Aron est une chercheuse en psychologie et psychologue américaine. C’est notamment elle qui, à la fin du 20èmesiècle, a réalisé de nombreux travaux sur les personnes hypersensibles. Par exemple, elle a énormément développé le concept de sensibilité innée (introduit en 1913 par Carl Gustav Young). Elle estime que 15 à 35% de la population seraient des individus hautement sensibles. Cette vulnérabilité et sensibilité peut être présente aussi bien avec un caractère enrichissant (un stimuli) positif, que négatif. De nos jours, la science autour de l’hypersensibilité avance et les premiers résultats permettent de mieux comprendre le phénomène.

Comme je l’évoquais plus haut, le mot hypersensible peut avoir une connotation négative car certains trouvent cette sensibilité exagérée. Ainsi, le mot ultrasensible (et ultrasensibilité) apparaît de plus en plus dans la littérature. Visiblement, ultra fait moins excessif que hyper… C’est un débat.

Je suis hypersensible

Caractéristiques hypersensibilité : comment identifier un(e) hypersensible en 20 points ?

Je vais vous décevoir : il n’existe pas de méthode 100% fiable pour définir si une personne est hypersensible ou non. Sorry. Par contre, je vous ai préparé une liste de 20 caractéristiques des personnes hypersensibles qui peuvent vous mettre sur la piste, en fonction de ce que je peux ressentir personnellement. Je préviens encore une fois : cette méthode n’est pas totalement fiable. Il s’agit seulement d’indiquer une tendance hypersensible, et non une hypersensibilité avérée. Sinon, vous pouvez également vous checker via le test d’hypersensibilitéque je vous ai préparé.

1. Vous êtes stressé(e) par les bruits répétitifs

Si vous entendez un bruit agaçant, vous pouvez devenir stressé(e) voir très énervé(e). Cette tendance est assez générale (qui aime ces bruits ?), mais les hypersensibles auront des réactions beaucoup plus prononcées.

2. Vous percevez les nuances subtiles dans votre environnement

Est-ce qu’il vous arrive des fois d’avoir l’impression que quelque chose change ou quelque chose ne va pas dans votre environnement sans pour autant savoir de quoi il s’agit ? Souvent, l’ultrasensible est tellement sensible que la moindre petite nuance dans son environnement est perçue. Un matin, en sortant de la maison de mes parents pour aller à l’école lorsque j’étais plus jeune, j’ai été un peu perturbé car je sentais quelque chose de différent dans ma routine. Je n’ai su de quoi il s’agissait que plus tard. En fait, mes voisins avaient verni leurs volets. J’avais perçu (sans m’en rendre compte) la subtile différence de brillance, et ça m’a perturbé.

3. Vous avez une grande sensibilité à différents stimuli

C’est ici la suite logique des points précédents. L’hypersensibilité peut se manifester auprès de nos 5 sens : on parle d’hypersensibilité sensorielle. Certains seront plus vulnérables aux bruits, d’autres à la luminosité (ou à un changement de vernis des volets d’en face !), au toucher, au goût, ou à l’odorat. Cela explique pourquoi des odeurs peuvent être complètement répugnantes pour certains, alors que pour d’autres « ça ne sent juste pas bon ».

4. Vous vous fiez toujours à votre intuition

Une personne hypersensible aura tendance à se fier à son intuition. Elle est généralement habituée à ressentir des choses sans en connaître nécessairement l’origine. Souvent, lorsque je dois prendre une décision, même si ma raison me dit quelque chose, j’ai le sentiment que ce n’est pas la bonne voie. Et cette sensation est plus importante pour moi. C’est une conviction profonde, un sentiment instinctif.

5. Vous êtes régulièrement submergé(e) par vos sentiments

On est là plutôt sur de l’hypersensibilité émotionnelle. Est-ce que vos ami(e)s vous disent souvent que vous êtes quelqu’un d’émotif, de susceptible ou de vulnérable ? Vous avez « le sang chaud » ? Bingo, vous êtes en plein dedans. Je ressens des émotions incroyables, pour tout. Un jour, j’étais triste pour une pomme car elle était seule en train de pourrir. C’est triste non, pour une pomme ?

6. Vous rangez vos émotions dans un tiroir

Et lorsque les émotions sont trop fortes, vous avez tendance à les mettre dans un tiroir ou une petite boite, les ranger au fond de vous et ne plus jamais l’ouvrir. La fausse insensibilité est un mécanisme de défense des personnes hypersensibles. Si je me force à ne pas regarder mes sentiments, ils n’ont jamais existés non ?

7. Vous êtes blessé(e) profondément par les critiques

Vous avez besoin d’être aimé(e), et donc vous vivez la moindre critique comme une « preuve » que l’on ne vous aime pas. Je ne parle pas là de la réalité de la critique (certaines sont constructives et bonnes à prendre). Non, pour vous, une critique est une critique. C’est le mal, c’est mauvais, vous êtes mauvais(e).

8. Vous réagissez facilement

Vous êtes plus facilement touché(e) par ce qui vous entoure. Vous faites preuve d’une grande empathie, et donc les problèmes des autres deviennent rapidement vos problèmes aussi.

9. Vous n’aimez pas vous tromper

Normal, quoi de pire ? Vous voyez l’erreur comme une preuve de votre incompétence. Encore une fois, vous êtes mauvais(e). Vous avez eu tort. Vous n’êtes pas assez bien. Et on y revient : vous ne méritez pas d’être aimé(e).

10. Votre vie intérieure est complexe et riche

Je ne sais pas comment c’est pour vous, mais moi dans ma tête il y a un monde entier, en parallèle du « vrai » monde. Même si ma carapace peut sembler froide et dure, à l’intérieur je suis en fait tout mou, tout sensible, valdingué par mes émotions. Même une journée « calme » devient un véritable voyage. Dans ma tête c’est la fête.

11. Vous faites très attention aux autres

Vous faites preuve d’une empathie hors du commun. Et du coup, pour être bien vous-même, vous avez besoin que votre entourage soit bien. Donc avant de régler vos problèmes, vous avez tendance à régler ceux des autres.

12. Vous êtes sensible aux émotions des autres

Mais alors, est-ce que vous y êtes sensibles parce que vous avez un réel intérêt pour leur bien-être, ou parce que votre bien-être dépend de leur bien-être ? Ça, je n’en sais rien. En tout cas, vous prêtez une grande attention aux autres car vous êtes une véritable éponge émotionnelle.

13. Vous êtes méticuleux(se) et perfectionniste

De même, je suis quelqu’un de très perfectionniste. J’aime les belles choses et les choses bien faites. À l’école, il était impensable pour moi de rendre un devoir dans lequel les titres n’étaient pas alignés, ou sur une feuille pliée. Hors de question. Et là, vous verriez la propreté et l’organisation du brouillon sur lequel je rédige cet article… Mais je me pose une question. Est-ce que je cherche cette perfection parce que j’aime la perfection, ou alors parce que j’ai horreur de faire une erreur (et donc je me protège au maximum en pensant à tout) ?

14. Vous êtes stressé(e) et anxieux(se)

Un rien vous fait paniquer ? À l’école, présenter un exposé devant toute la classe était synonyme de voyage en enfer ? Il y a fort à parier que vous fassiez partie des hypersensibles ! Ou alors, vous êtes juste timide. Encore une fois, personne ne saura mieux que vous.

15. Vous aimez maîtriser totalement un sujet

Quand je commence quelque chose, je vais au fond de la question. En ce moment je m’intéresse aux marchés boursiers. Depuis 10 jours, je me suis donc commandé pour plus de 200€ de bouquins sur Amazon et je me suis inscrit à des cours sur les crypto-monnaies. J’ai besoin de comprendre, de tout comprendre.

16. Vous avez beaucoup de mal en amour

Ceux qui me connaissent personnellement et qui lisent ces lignes doivent rigoler car ils savent que je suis une catastrophe amoureuse. Malgré tout, en ce moment tout se passe bien donc croisons les doigts. Néanmoins, l’amour n’est pas une chose facile pour une personne hypersensible. Je pense que j’ai beaucoup idéalisé le concept de l’amour dans ma tête, et qu’il n’a du coup jamais correspondu avec ce que j’avais.

17. Vous préférez les sports individuels

Vous aussi, à l’école, les sports d’équipe étaient votre hantise ? En même temps, comment juger ma performance individuelle sur une pratique qui dépend de la performance des autres ? Drôle de concept.

18. Vous réfléchissez trop

Votre cerveau mouline 24h/24, 7j/7. Vous pensez à tout, tout le temps. C’est souvent cette caractéristique-là qui, cumulée à de l’hypersensibilité émotionnelle ou sensorielle, devrait vous faire vous intéresser à la douance. Si c’est le cas, vous êtes sur le bon site.

19. Vous êtes souvent critiqué(e) pour votre sensibilité

« Paul, tu es trop émotif ». « Paul, tu es trop sensible ». Oui, et ?

20. Vous n’aimez pas les open-spaces

Ça aussi c’est une drôle d’idée. Après avoir noté mes performances sportives à l’école en fonction des performances de mes équipiers, je me retrouve au travail, à me faire juger sur mes résultats en fonction de mon aptitude à me concentrer au milieu du bruit de mes collègues ? Non, laissez-moi bosser seul. Je suis bien.

Hypersensibilité sensorielle : c’est quoi ?

Maintenant que le concept d’hypersensibilité est compris, nous allons nous intéresser au premier volet : l’hypersensibilité sensorielle, appelée hyperesthésie. Il s’agit en fait d’une intégration sensorielle douloureuse lors d’une stimulation. Concrètement, la personne hyperesthésique va ressentir de la douleur lors de très légères stimulations sensorielles (là où d’autres ne sentiront rien) car son système nerveux est plus sensible.

Cette ultrasensibilité sensorielle est généralement présente chez les personnes à haut potentiel intellectuel. Chez une personne neurotypique (« normale »), il est possible de n’être hypersensible « que » d’un ou plusieurs sens. Pour info, l’hyperesthésie fait partie des différents troubles du spectre de l’autisme.

Hyperesthésie

Voyons maintenant comment les cinq sens des personnes atteintes d’hyperesthésie sont influencés par chaque stimulus.

Hypersensibilité tactile

L’hypersensibilité tactile (ou hypersensibilité au toucher ou aux mouvements) se manifeste par une sensation extrême au toucher. Lorsque j’étais tout bébé (mes parents m’ont raconté ça récemment), je n’arrivais pas à marcher pieds nus dans l’herbe ou dans le sable – aujourd’hui ça va mieux. Ou alors, je n’aime pas du tout que l’on me touche, que l’on m’embrasse ou que l’on me face des câlins. Je me sens mal à chaque fois, les sensations ne sont pas agréables. Faire la bise ou serrer la main a toujours été un supplice. J’ai donc favorisé les « bonjour » d’un grand coup de main général. On m’a pris pour un associable qui ne voulait pas dire bonjour individuellement. Le problème, c’est que je suis inconfortable lorsqu’il y a trop de promiscuité. J’ai besoin d’avoir ma « bulle de sécurité ».

De plus, il y a certaines matières que je n’arrive pas à toucher. La première qui me vient en tête, c’est le polystyrène. Ça me fait des frissons partout, mais ça c’est un peu plus courant. J’ai également du mal à me baigner dans la mer, car en séchant l’eau ne laisse sur ma peau que le sel que je n’arrive pas à toucher sans frissonner.

Hypersensibilité visuelle

L’hypersensibilité visuelle est liée à un mauvais traitement du cerveau des informations délivrées par le canal visuel. Des lieux lumineux peuvent par exemple devenir éblouissants pour une personne hypersensible. Ou alors, le cerveau va se sentir surchargé par la quantité d’informations qui lui sont délivrées. Typiquement, j’ai du mal à regarder et être à l’aise dans un environnement surchargé. Mes yeux ne se reposent pas. Je préfère un mur blanc à des tableaux, ou des placards fermés à des placards ouverts. Le but, c’est que tout me semble lisse et sans trop de relief sinon ça m’épuise.

De la même manière, je n’aime pas les environnement trop lumineux. Je suis bien plus à l’aise avec volets entrouverts, ou une lumière sur variateur.

Hypersensibilité auditive

L’hypersensibilité auditive se manifeste par le fait qu’un bruit qui ne devrait être « que » un peu fort devienne insupportable. Lorsque je vais en festival, j’aime bien avoir des boules-quies sinon je peux me sentir mal et devoir me boucher les oreilles. Il en est de même lors de certaines scènes d’action au cinéma. Je me sens agressé.

Sinon, l’hypersensibilité sensorielle peut aussi se manifester par une ouïe très fine. Mais donc le bruit de la télé du voisin peut vite devenir encore plus dérangeant.

Hypersensibilité olfactive et gustative

J’ai regroupé l’hypersensibilité olfactive et gustative car je pense qu’elles sont liées. Le goût et l’odorat vont, selon moi, plutôt bien ensemble. Dans tous les cas, je pense que le concept est assez clair : il s’agit de sentir plus fort les odeurs et les goûts. En fait, c’est surtout que les odeurs / goûts peuvent donner des réactions bien plus importantes. De mon côté, j’ai beaucoup de mal avec les odeurs corporelles (transpiration, cheveux sales, haleines, etc.). Je peux avoir des nausées rien que par le fait de sentir une personne (même si elle ne sent pas spécialement mauvais). C’est toujours une vraie aventure dans le métro parisien (j’ai pris la ligne 13 pendant 2 ans… je m’en souviendrai un bon moment !).

À la maison, j’arrive très vite à sentir si mon copain à ouvert un paquet de gâteaux ou non par exemple. Ou s’il vient de manger un bâtonnet de surimis (j’ai horreur de ça, j’en ai des nausées à chaque fois).

Déficit d’inhibition latente

Ce paragraphe va être complètement rattaché au thème de ce site : le haut potentiel. En effet, une personne surdouée va donc être généralement une personne hypersensible. Et son hypersensibilité sensorielle se complète d’un déficit d’inhibition latente. En fait, l’inhibition latente c’est le fait que votre cerveau fasse le tri entre les informations « à garder » et les informations « à jeter ». Si vous marchez dans la rue, votre cerveau ne va conserver que les éventuels obstacles sur le trottoir devant vous et non pas la couleur de la voiture qui passe (et ce, même si vos yeux voient cette couleur).

Une personne à haut potentiel intellectuel présente donc un déficit de cette inhibition latente. Autrement dit, le cerveau n’effectue plus de tri. Il prend tout en compte. Si vous ajoutez à cela le fait que ces personnes sont généralement hyperesthésiques, vous obtenez un superbe cocktail d’informations à traiter.

C’est ma psychologue spécialisée dans le HPI qui m’a fait remarquer ça la première fois. En plein milieu d’une session, alors que je ne comprenais pas bien ce concept, elle m’a dit : « Là nous sommes en train de parler depuis une 20aine de minutes. Une personne « normale » n’aurait conscience que de cette discussion. Toi, je parie que tu peux en même temps me donner le nom de la chanson qui passe en fond musical [oui], le titre du gros bouquin bleu sur l’étagère derrière moi [check], la couleur de mes chaussures que tu as vues en entrant dans la pièce [encore oui], et depuis combien de temps environ une voiture n’est pas passée dans la rue [toujours oui] ». C’était incroyable. Je savais, sans me rendre compte que j’y avais prêté attention. Elle a continué peu après : « En fait, ton cerveau aurait dû ne pas garder ces informations et les jeter. Mais toi, tu as tout gardé et traité avec autant d’importance que ce dont nous parlons. D’ailleurs, tu es certainement tout aussi concentré sur la playlist en cours que sur ce que nous disons. Tu n’arrives pas à ne pas l’écouter ».

Hypersensibilité

En approfondissant le sujet ensemble, j’ai compris que c’était ça qui pouvait poser problème à un enfant en classe. C’est pour ça qu’on dit souvent que les HPI ont des problèmes de concentration. Voici tout d’abord ce que retient (en coloré) un élève « normal ».

Concentration d'un élève normal

Maintenant, voici ce que retient un élève surdoué. Ce n’est pas étonnant que le cours passe pratiquement inaperçu au milieu de toutes ces informations !

Enfant zèbre à l'école

C’est également pourquoi j’ai beaucoup de mal à rester concentré sur une discussion au restaurant. En fait, je suis concentré sur les discussions de toutes les autres tables. De même, j’ai du mal à marcher dans la rue car je me sens agressé par tous les objets qui bougent et leurs possibles trajectoires. C’est épuisant.

L’hyperémotivité : hypersensible émotionnel

Le second volet de cet article est axé sur l’hypersensibilité émotionnelle, ou hyperémotivité. Elle se manifeste tout simplement par un surplus d’émotions. Il y en a trop, et ce n’est vraiment pas facile à gérer. Dans mon cas, un rien peut me mettre de (très) bonne humeur. Et inversement : je me retrouve au fond du trou pour pas grand-chose. J’ai essayé de vous donner un exemple ci-dessous. Je peux me lever d’excellente humeur juste parce que mon rêve de la nuit était sympa. Tout va bien dans la matinée, puis les montagnes russes émotionnelles commencent : il n’y a plus de poulet à préparer pour le déjeuner, alors que j’avais prévu de manger du poulet. Ma vie est foutue. Je me sens perdu. Je déjeune en déprimant, puis je remarque un reste de tablette de chocolat pour le dessert. Tout va mieux, je suis en extase. La journée avance, et arrive le moment d’aller se coucher. Je me retrouve dans le noir, allongé dans le lit. Je pense (trop), et les montagnes russes recommencent sans raison.

hypersensibilité interne

Vous remarquerez que j’ai intégré une droite des émotions que je montre. Elle est neutre, et ce n’est pas un hasard. En fait, les personnes hypersensibles ont tendance à créer une sorte de masque de protection insensible, qui leur permet de ne pas trop montrer leurs sentiments. On les enferme dans une boite que l’on n’ouvre plus jamais. Un paradoxe s’installe donc parfois : alors qu’à l’intérieur l’hypersensible est en pleines montagnes russes, à l’extérieur on ne voit pas grand-chose. Certains de mes proches m’ont longtemps pris pour une personne frigide et insensible, alors qu’en fait j’étais un grand hyperémotif anonyme et caché.

Le fonctionnement de l’hypersensibilité émotionnelle

Avant toute chose, il me semble pertinent de comprendre d’où vient l’hypersensibilité, comment fonctionne mon cerveau hypersensible. C’est bien beau de savoir que l’on ressent un beau cocktail émotionnel, mais je suis sûr que vous avez envie de savoir pourquoi vous ressentez cela. En tout cas, moi, j’avais envie. Pour y répondre au mieux, j’ai lu pas mal d’articles scientifiques et j’ai résumé le tout dans une vidéo que vous retrouverez juste en dessous.

Dans les grandes lignes, j’y raconte que l’hypersensibilité et l’hyper-empathie sont est liées aux variations génétiques de la dopamine et de la sérotonine.

De plus, l’hypersensible ne se repose jamais. Au contraire, il traite les informations émotionnelles en profondeur. C’est pour cela d’ailleurs que les personnes hypersensibles peuvent avoir plus souvent besoin de temps seules que les autres.

Tout comprendre sur l’intelligence émotionnelle et l’empathie

La personne hypersensible – et globalement tous les zèbres de ce monde – a un seul besoin central : être aimée. Elle prendra donc ses décisions en gardant cet objectif en tête. De plus, la prise de décision se fait en suivant l’instinct et les sentiments, et non pas la raison. C’est là la grande différence avec le quotient intellectuel. L’intelligence émotionnelle – que l’on mesure avec le quotient émotionnel (QE) – est comme une intelligence complémentaire à l’intelligence cognitive. Au lieu de raisonner, elle sert à analyser, comprendre et interpréter nos sentiments ainsi que ceux des autres. Une fois l’analyse faite, le but est d’adapter son comportement pour arriver à son but. Réguler ses émotions de cette façon permettrait de se libérer de la surcharge émotionnelle des émotions négatives pour avoir une meilleure estime de soi. Du moins, c’est la théorie. « Émotionnellement parlant », je ne trouve aucun mal à s’exprimer, pleurer, faire part de ses peurs, etc. Le problème peut survenir lorsque ces sentiments sont omniprésents et nous empêchent de vivre pleinement.

Elle a été définie pour la première fois en 1990 par les psychologues Salovey et Mayer comme « une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses gestes ».

Intelligence émotionnelle

Si on pousse l’idée à l’extrême, l’intelligence émotionnelle peut donc être la capacité pour un individu à manipuler les autres en comprenant leurs émotions et en les influençant, dans le but d’être aimé. C’est une vision que je trouve un peu machiavélique. C’est pourquoi, je préfère me dire que c’est une forme d’empathie très développée.

Il existe trois théories principales autour de l’intelligence émotionnelle : (1) le modèle Salovey et Mayer, (2) le modèle de Goleman, et (3) le modèle de Bar-On. Je reviendrai plus en détails sur ces modèles dans un prochain post.

Surdose de stress et d’anxiété

Cette marmite de sentiments refoulés peut déboucher sur des épisodes de stress et d’anxiété très forts. Je fais des crises d’angoisse régulièrement depuis quelques années maintenant. À chaque fois, l’élément déclencheur est minime et improbable (j’ai envie de faire pipi mais il n’y a pas de toilettes à côté, j’ai trop chaud dans le métro, je ne vais pas réussir à arriver à l’heure, etc.). Je pense que tous les sentiments non-exprimés et enfermés dans des boites ressortent de cette façon. Et puis il faut ajouter à cela la douance qui me fait faire des liens très rapides, et qui peuvent me faire stresser. Par exemple :

  • J’ai envie de faire pipi > Il n’y a pas de toilettes > Je ne peux pas faire pipi > Je vais devoir faire dans la rue > Un policier va me mettre une amende > Ou alors je vais devoir me retenir encore longtemps > Je vais me sentir mal et rater mon rendez-vous en ne pensant qu’à aller aux toilettes.
  • J’ai trop chaud dans le métro > Je vais transpirer et avoir des auréoles > Le métro va se bloquer et on n’aura vraiment plus d’air > Je vais tomber dans les pommes > Je vais provoquer un retard sur toute la ligne > Tout le monde va me détester > Personne ne m’aime.
  • Je vais être en retard > Mon rendez-vous ne va pas m’attendre > Il va me détester > Plus personne ne va m’aimer.

Extra-lucidité

Dans mon article sur les hauts potentiels intellectuels vous avez vu que les zèbres comprenaient tout, et plus vite. Ils analysent complètement leur environnement. Ici, on vient de détailler à quel point ces hypersensibles ressentaient leur environnement. Quand on cumule les deux, on obtient une lucidité exceptionnelle du monde qui nous entoure, que l’on appelle extra-lucidité.

Le zèbre a une conscience exceptionnelle du monde qui l’entoure. Il anticipe chaque geste, dès son plus jeune âge, malgré le fait qu’il ne soit pas toujours assez mature pour le comprendre. Il voit très vite le monde tel qu’il est, et non plus avec une innocence ou une naïveté d’enfant.

Lorsque j’étais enfant, j’avais conscience que mes parents n’étaient « que » des humains. Je cherchais donc des solutions dans l’hypothèse où ils mourraient. Comment je vais faire ? Il faut que je trouve tout de suite le moyen de m’acheter moi aussi une maison pour être à l’abris (et c’est comme ça que j’ai commencé à créer des concours en ligne pour me faire de l’argent). Et maintenant, je fais quoi s’il y a une guerre ? Un prochain virus plus compliqué à gérer que le Covid-19 ? Est-ce que je dois investir dans un bunker sous-terrain ?

En fait, cette extra-lucidité me fait constamment analyser chaque problème et chaque hypothèse, pour essayer de trouver des solutions et d’être prêt au cas où le problème arrive réellement.

Conclusion

Pour conclure, l’hypersensibilité est le fait pour une personne d’avoir une sensibilité plus accrue que la moyenne. Cette hypersensibilité peut se présenter de deux façon :

  • Une hypersensibilité sensorielle (ou hyperesthésie) ;
  • Une hypersensibilité émotionnelle (ou hyperémotivité).

L’hypersensibilité sensorielle est une accentuation des 5 sens. Concrètement, la personne va être plus sensible aux odeurs, aux bruits, ou aux lumières. Chez les zèbres, cette hypersensibilité sensorielle s’accompagne d’un déficit d’inhibition latente : le cerveau n’arrive pas à trier les informations à garder et à supprimer. Du coup, le surdoué reçoit constamment plein d’informations et peut avoir du mal à ne se concentrer que sur une seule chose, il peut se sentir surchargé par ce flux constant de données. Ces flux sensoriels peuvent beaucoup perturber, notamment chez certains autistes.

L’hypersensibilité émotionnelle est une vulnérabilité, ou une émotivité plus importante chez l’individu. La personne hyperémotive va avoir des sentiments exacerbés et est généralement très empathique. Il est important pour la personne hypersensible émotionnellement d’apprendre à gérer son hypersensibilité.

Les HPI ont cette double hypersensibilité qui leur permet d’analyser et de ressentir leur environnement. Ainsi, ils développent une compréhension exceptionnelle de ce qu’il se passe autour d’eux et dans le monde, appelée extra-lucidité.

Infographie hypersensibilité

Sources : 

  • Aron A., Aron E., Jagiellowicz J., (Personality and Social Psychology Review), Sensory Processing Sensitivity: A Review in the Light of the Evolution of Biological Responsivity, 2012
  • Aron E., (Journal of Analytical Psychology), Revisiting Jung’s concept of innate sensitiveness, 2004
  • Aron E., The Highly Sensitive Person: How to Thrive, 1997
  • Mayer J., Salovey P., (Yale University), Emotional Intelligence, 1990
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Hello ! Moi, c’est Paul. Je sors de longues années d’études en commerce international qui m’ont amené à quelques années d’expérience en management et événementiel et à la création d’une société. Ce que j’aime le plus, c’est expérimenter et tester de nouvelles choses, comprendre ce qu’il se passe. J'ai donc toujours été très curieux, je lis et j'apprends beaucoup. Afin de vous faire partager ma passion pour le développement personnel, j'ai décidé de créer Connect The Dots (CTD). Bonne lecture !