Aujourd’hui on va s’intéresser à la façon de penser des HPI : la pensée en arborescence.
Si vous êtes un surdoué ça va vous aider à mieux comprendre la façon dont votre cerveau réfléchi. En tout cas moi ça m’a fait du bien de mettre des mots sur le fonctionnement de cette locomotive que j’ai là-haut. C’est notamment grâce à cette compréhension qu’on peut commencer à dompter nos pensées et ne plus laisser gouverner par notre cerveau en ébullition.
D’où vient la pensée en arborescence ?
Alors je ne vous apprends rien, les surdoués une façon un peu particulière de penser. Ça va vite et ça va dans tous les sens. Vous devez certainement le vivre comme moi. Des fois c’est le bazar là-haut, c’est un feu d’artifices dans la tête avec toutes ces idées. Vraiment, tout va très vite et dans toutes les directions.
Alors je me suis demandé d’où venait cette différence ? Parce que c’est bien beau de dire que c’est un quotient intellectuel élevé qui fait ça, mais juste un score sur un bout de papier ça fait pas tout.
1- La pensée arborescente vient d’une structure différente du cerveau : le taux de myélinisation
En début de réponse, ce que je peux vous proposer c’est une recherche, une étude qui laisse à penser que cette différence vient d’un taux de myélinisation qui est important. Alors qu’est-ce que c’est une myéline ? C’est ce que j’ai mis en bleu.
C’est une sorte de membrane qui entoure les axones des neurones. C’est comme une protection entre les liens des différents neurones. Et qu’est-ce que cette protection fait ? Elle permet des meilleurs échanges, une meilleure qualité d’échanges entre les neurones, mais aussi des échanges qui ont une plus grande vitesse. Donc ce haut taux de myélinisation est corrélé avec des connexions neuronales plus fortes et plus rapides – et donc avec la haute intelligence.
En gros, ce qu’il faut retenir c’est que les hauts potentiels ont a priori autant de neurones que les personnes neurotypiques mais ce qu’ils ont, c’est des connexions entre ces différents neurones qui se font mieux, plus facilement.
Imaginez un pays avec différentes villes qui sont les neurones. Si dans certains pays les routes sont mieux faites, qu’il y a un bon revêtement, on roule mieux, et bien forcément les voitures vont mieux passer, les distances seront faites plus rapidement parce qu’on roulera mieux que dans un pays où il y a des nids-de-poule partout. Là ça va être plus lent.
2- Le corps calleux est plus perméable dans le cerveau des hauts potentiels, ce qui permet une meilleure circulation des informations neuronales
Maintenant on va partir sur une autre étude qui a été réalisée à Lyon. J’avais déjà mis la vidéo sur le blog. N’hésitez pas à me la demander. Je pourrai vous la renvoyer. Mais en gros ils ont fait passer des IRM à des enfants HPI pour voir l’activité du cerveau en fonction de certaines tâches qu’ils faisaient faire aux enfants. Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’étude parce que ce n’est pas le sujet.
Ce qu’ils ont remarqué c’est que dans les cerveaux surdoués les informations passaient beaucoup mieux entre le cerveau gauche et le cerveau droit – entre l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit – à travers ce qu’on appelle le corps calleux. D’habitude il est assez hermétique selon eux, mais là ils ont remarqué que les infos passaient très bien d’un hémisphère à l’autre.
La conclusion qu’on peut en tirer c’est qu’on fait plus de liens entre différentes idées et entre différents thèmes. C’est à dire que le cerveau droit on a l’habitude de dire qu’il est plus basé sur l’émotion, le ressenti, les sentiments, les couleurs, les odeurs, etc. Le cerveau gauche est plus dans la raison, dans l’intelligence un peu comme on la voit habituellement. Et là en fait en faisant des liens entre ces deux parties on arrive à faire des liens plus facilement par exemple entre une odeur et une théorie, entre une couleur et je sais pas quoi d’autre. C’est du moins ce qu’on peut penser de la conclusion de cette étude. Malgré tout je ne vous cache pas que c’est un sujet qui reste très mystérieux.
Les deux théories de la pensée
Ce qu’on dit sur la façon de penser du surdoué n’est que des théories. Il n’y a pour le moment rien qui le prouve. Donc faites attention. Ne buvez pas tout ce que je vais vous dire. Je veux seulement vous montrer ce qu’on pense savoir pour le moment. À vous de voir. Par exemple au niveau de la pensée (le thème de cet article) il y a deux écoles. Il y en a qui disent que c’est de la pensée arborescente et d’autres la pensée plutôt divergente. Je vais vous présenter les deux.
1- La pensée en arborescence
On commence par la pensée arborescente, ou pensée en arborescence.
2- La pensée linéaire
Il faut la différencier par rapport à la pensée linéaire qui est le fait qu’on a une idée A qui amène à une idée B qui amène à une idée C. C’est un chemin logique entre les idées et on arrive facilement à voir comment on est passé d’une idée à une autre. Le lien est vraiment logique et facile à suivre.
A contrario on a la pensée arborescente où là une idée A va amener à deux voire trois idées et chacune de ces idées va mener à deux voire trois idées et ainsi de suite. Ça grandit comme les branches d’un arbre – d’où le nom arborescent.
Exemple de pensée arborescente
Si j’essaye maintenant d’illustrer ce que je viens de dire, par exemple avec la pensée linéaire, si on part du mot « bateau » on peut penser après à la mer (parce que le bateau navigue sur la mer). Et ensuite à l’océan. Il y a une suite logique d’idées, ça se tient.
Par contre si on repart de ce même mot « bateau » mais du point de vue de la pensée arborescente, on peut partir d’un côté sur la mer, comme pour la pensée linéaire. Mais un bateau ça m’a aussi fait penser aux pirates. Ensuite avec la mer je suis parti sur de l’océan et des coquillages. Par contre avec les pirates suis parti sur les caraïbes et un trésor (le butin des pirates avec l’or et tout). Donc on voit qu’on part sur des idées qui sont très différentes du côté arborescent. Dans chaque branche on arrive à voir les liens. Mais par contre si on prend par exemple la mer et le trésor, le lien est quand même assez éloigné.
Les limites de la pensée en arborescence
Je vous avoue que cette idée de pensée arborescente me pose un petit problème. Quand est ce que cette idée s’arrête ? Quand est-ce que cet arbre prend fin et qu’on part sur un nouvel arbre ?
Parce que dans cette idée, du coup si je pars sur mon bateau mon cerveau continue à faire plein d’idées non-stop. Au bout d’un moment j’ai dû regrouper toutes les idées du monde. Mais cette arbre ne prend plus fin.
Sauf que déjà ça va trop vite dans ma tête donc je ne sais pas trop si c’est comme ça que ça se passe ou non. Mais je sais que à des moments je pars sur une autre idée, et que cette idée est sur un autre thème et n’a pas forcément de lien avec ce que je viens de voir avant. Donc c’est que à un moment je mets une fin à un arbre de pensée. Et dans la théorie il n’y a pas de fin à l’arbre de pensée. C’est pour ça que cette idée de pensée arborescente me gêne et que j’ai tendance à préférer la pensée divergente qu’on va voir tout de suite.
La pensée divergente
L’idée de la pensée divergente c’est qu’une idée va en donner plein d’autres. C’est finalement un peu comme une branche de la pensée arborescente, mais là c’est vraiment une idée au centre qui rayonne sur plein d’autres idées.
La pensée convergente
Elle est à différencier de la pensée convergente où là c’est plein d’idées qui vont aller vers une seule idée. On cherche et on converge vers un dénominateur commun. Je trouve que cette façon de penser ressemble à un brainstorming. Au début on va vers une pensée plutôt divergente, c’est à dire qu’on a une problématique (l’idée centrale) et on réfléchit à plein d’idées pour y répondre, plein de thèmes, plein de choses. Ensuite, en fin de réunion, on a toutes ces idées, tous ces trucs, qu’on cherche à centraliser autour d’une même idée. Donc cet alternance divergence / convergence me fait penser une réunion de brainstorming. C’était plus pour illustrer.
Exemple de pensée divergente
Par exemple si je cherche un moyen d’avoir plus de followers dans ma liste email, je peux augmenter ma présence sur les réseaux sociaux, faire des concours, parler d’une newsletter, augmenter la qualité de mes contenus, faire des partenariats, quand vous vous inscrivez quelque part mettre des liens vers les autres comptes pour créer un esprit de chaîne… Donc l’idée principale c’est d’augmenter mon nombre de followers et j’ai plein d’idées qui viennent depuis la divergence. Ça peut être le début par exemple d’une réunion de brainstorming où on se demande tout ça.
Et ensuite, quand on a toutes ces idées, le thème commun ça pourrait par exemple de décider d’embaucher un social media manager qui pourrait, lui, s’occuper de faire toutes ces tâches. J’espère que cet exemple vous a permis d’illustrer un peu… J’ai fait ce que j’ai pu !
Les avantages de la pensée divergente par rapport à la pensée en arborescence
Mais si j’essaye de le remettre dans ma tête ça pourrait ressembler un peu plus à ça.
C’est à dire qu’on a une idée. Si je prends par exemple au centre « la maison » qui peut me faire penser à la notion de famille puis au travail et à l’investissement que représente la maison, au repos parce que dedans je peux me reposer. Cette idée de repos me fait penser à d’autres choses. Et au final on arrive vraiment sur cette toile d’araignée.
Je préfère ça par rapport à l’arborescence parce que là on voit qu’il n’y a pas de hiérarchie. Il n’y a pas une idée qui est l’idée de base. On peut revenir plusieurs fois à la maison (par exemple) soit depuis le repos (je me repose et du coup ça peut me faire penser à la maison où je suis bien). Sinon je vais sur la famille qui peut aussi me faire penser à la maison, mes investissements, etc. Et en fait je peux repasser plusieurs fois par la même idée en ayant entre-temps réfléchi à d’autres idées. Ce qui fait que je reviens sur mon idée de base mais avec plus de background d’idées si vous voulez, en étant passé par d’autres chemins. Du coup, je la vois avec un œil neuf.
Et cette façon de penser où je reviens plusieurs fois sur la même idée mais avec des angles différents et en pensant à d’autres choses qui correspond beaucoup plus à la façon dont je pense. Voilà, à vous de me dire si ça vous fait ça. C’est comme ça que je l’interprète.
FAQ sur la pensée en arborescence
Comment gérer sa pensée en arborescence ?
Gérer sa pensée en arborescence implique d’abord de reconnaître et d’accepter cette façon de penser comme une force plutôt qu’un obstacle. Pour canaliser cette énergie créative, il est utile de s’organiser avec des outils comme des cartes mentales, qui permettent de visualiser les connexions entre les idées. Pratiquer la méditation ou des techniques de pleine conscience aide à concentrer son flux de pensées et à réduire l’overthinking. Il est également bénéfique de dédier des moments pour laisser libre cours à sa pensée divergente, tout en fixant des limites pour revenir à des tâches spécifiques. S’entourer d’un environnement qui stimule la créativité tout en offrant des structures de soutien peut aussi favoriser une gestion efficace de la pensée en arborescence, en transformant cette particularité en un avantage unique pour la résolution de problèmes et l’innovation.
Comment savoir si on a une pensée en arborescence ?
Savoir si on a une pensée en arborescence peut se manifester par plusieurs indicateurs. Typiquement, les personnes avec cette forme de pensée ont tendance à établir des connexions entre des idées apparemment disparates, voyant des liens là où d’autres n’en voient pas. Elles peuvent facilement se perdre dans leurs réflexions, passant rapidement d’un sujet à un autre dans un flux continu d’associations. Ces individus sont souvent créatifs, curieux, et ont un penchant pour la résolution de problèmes complexes. Si vous vous retrouvez à explorer de multiples perspectives et possibilités dans des situations quotidiennes, ou si vous avez une capacité remarquable à générer des idées innovantes et à penser « hors des sentiers battus », il est probable que vous expérimentiez la pensée en arborescence. Cette façon de penser peut être à la fois stimulante et épuisante, nécessitant des stratégies pour gérer une surdose d’informations et de stimuli.
Sources :
- Davies G., Deary I., Gale C., Hagenaars S., Hill W., Maghizian O., Marioni R., McIntosh A., Ritchie S., (Molecural Psychiatry), A combined analysis of genetically correlated traits identifies 187 loci and a role for neurogenesis and myelination in intelligence, 2019.
- Sappey-Marinier D., (Hôpitaux de Lyon), Enfants à haut potentiel, apport de l’imagerie fonctionnelle, 2016.