Un enfant précoce a-t-il plus de risques d’être en échec scolaire ?

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Ecrit par Paul Dugué

Mis à jour le

Si vous vous renseignez un peu sur le haut potentiel et que vous faites vos recherches de votre côté, vous êtes très certainement déjà tombé(e) sur des articles comme ça. À les lire, on pourrait vraiment penser qu’une grande majorité des enfants HPI sont en échec scolaire.

Pourquoi être surdoué surexpose-t-il l'enfant à des difficultés ?

Sauf que de mon côté, ça n’a jamais été le cas. Et parmi les autres zèbres que je connais, on est vraiment très loin des 70 % des surdoués qui sont en échec scolaire. Alors est-ce que ça veut dire que moi et mon entourage on constitue l’exception qui confirme la règle ? Et pourquoi est-ce que ce constat marche aussi au milieu de tous les zèbres que je rencontre via ce blog Connect The Dots ? Est-ce que je ne rencontre aucun réel échantillon représentatif qui montrerait que tout le monde est en échec scolaire ? Je ne comprends pas trop. Ou alors, est-ce que ce ne serait pas tout simplement ces journaux-là qui jouent les sensationnalistes et créent des préjugés autour des personnes à haut potentiel intellectuel ?

Je m’appelle Paul, et mon haut potentiel a été détecté il y a plus de dix ans maintenant. Aujourd’hui, je partage ce que je trouve et ce que j’ai vécu pour aider les petits nouveaux à mieux s’accepter et apprécier leur douance.

NB : Cet article est la transcription de la vidéo ci-dessus

Présentation de l’étude scientifique

Alors pour répondre à ces questions, je voulais vous parler d’une étude scientifique que j’ai trouvée la semaine dernière et qui a été réalisée par des français (donc c’est plutôt cool !). Je vous ai mis leurs photos. J’ai réussi à les trouver. Par contre, je n’ai pas trouvé de photos pour Marion Le Cam, alors si par le plus grand des hasards elle tombe sur cette vidéo je m’excuse.

Ava Guez, Hugo Peyre, Marion Le Cam, Nicolas Gauvrit, Franck Ramus

Les hypothèses

Pour répondre à tout ça, du coup, ils sont partis sur quatre hypothèses qui sont plutôt opposées aux titres un peu provocateurs des journaux qu’on vient de voir.

  1. Leur première hypothèse c’est que les élèves à haut potentiel ont de meilleurs résultats académiques.
  2. Ensuite, ils disent que les hauts potentiels souffrent moins de décrochage scolaire à la fin du collège,
  3. qu’ils sont généralement plus motivés et plus efficaces.
  4. Et enfin, que leur QI de sixième est en lien avec le QI de troisième. Enfin qu’il y a une relation entre les deux.

Donc c’est sur ces quatre hypothèses qu’on va travailler aujourd’hui.

Protocole expérimental

Alors comment ils ont fait ça ? Et bien en fait ils ont pris un peu plus de 30 000 collégiens français et les ont suivis entre la 6ème et la 3ème.

Ce qu’ils ont fait c’est que, quand ils sont arrivés en 6ème, ils leur ont fait un test qui s’appelle le Raisonnement sur Cartes de Chartier. C’est un test de logique qui est inspiré un peu des Matrices de Raven. En gros ça permet plus ou moins de définir les quotients intellectuels des personnes qui les passent, sans utiliser la WAIS.

Ensuite, une fois qu’ils étaient arrivés en troisième, ils ont pris les résultats du brevet. Les résultats du brevet correspondent à l’examen lui-même ainsi que le contrôle continu qu’on a du coup tout au long de l’année. Donc ils ont pris ces résultats-là.

Ensuite, toujours en troisième, ils leur ont fait remplir un questionnaire qui permettait de mesurer plusieurs choses, et notamment leur auto efficacité (c’est à dire comment il était efficace eux-mêmes).

Ils ont répondu également à un autre questionnaire qui permettait de mesurer cette fois leur motivation intrinsèque et extrinsèque.

Et enfin ils leur ont refait passer le Raisonnement sur Cartes de Chartier, comme en 6e. Ça, ça permettra après (vous en doutez) de voir l’évolution qu’il y a eu entre les deux.

Et enfin à la fin de la seconde (si vous vous en souvenez c’est là qu’on choisit l’orientation) ils ont regardé les orientations que ces élèves avaient pris.

Etude du QI de collégiens

Les résultats des enfants précoces à l’école

Quels ont été les résultats ?

Alors je vous préviens juste avant : dans l’étude ils ont mis des supers diagrammes qui étaient beaucoup trop compliqués à refaire pour moi avec mes dessins d’enfants. Donc dans cette vidéo il y aura des dessins un petit peu plus techniques que d’habitude. J’en suis désolé. Mais vous verrez c’est hyper stylé.

Les élèves à haut potentiel ont de meilleurs résultats académiques

Premier super dessin : c’est pour montrer la répartition des résultats au brevet de tous ces étudiants. On a en jaune les personnes à haut potentiel et en bleu c’est les personnes neurotypiques. On voit que, globalement, les hauts potentiels ont plus de bonnes notes que les neurotypiques. Et en moyenne, ils ont mesuré qu’entre la moyenne des neurotypiques et la moyenne des hauts potentiels il y a 2,6 points (de plus pour les enfants zèbres). Donc globalement on peut conclure que les hauts potentiels ont eu des meilleures notes que les neurotypiques. Alors si vous regardez attentivement vous verrez certainement que à 10/20 il y a un gros pic pour les notes bleues (pour les notes neurotypiques). C’est parce qu’en fait, au brevet, avant de donner les résultats, les profs se réunissent et vérifient que tout le monde a mis des résultats un peu dans les mêmes tranches, un peu semblables. Du coup, ceux qui sont juste en dessous de la moyenne généralement on leur donne le Brevet donc on les met à 10/20, pile. Et c’est pour ça qu’en fait il y a une grosse colonne à 10/20 alors que normalement c’est des gens qui auraient dû avoir un peu moins. Du coup, ça va artificiellement booster aussi la moyenne des neurotypiques. Donc l’écart devrait être encore plus grand.

On peut donc en conclure que la première hypothèse (les hauts potentiels ont de meilleurs résultats académiques) est vraie.

Les enfants précoces souffrent moins de décrochage scolaire à la fin du collège

Ensuite ils ont voulu voir la deuxième hypothèse qui était sur le décrochage scolaire. Ils se sont dit que, s’il y a du décrochage scolaire, petit à petit il y aura une différence entre le nombre d’élèves scolarisés en 6ème et le nombre d’élèves scolarisés en 3ème. Et c’est ce qu’ils ont vu. Ils ont pris le nombre d’élèves qu’ils avaient au début en 6ème et après ils ont pris le nombre de résultats des personnes qui avaient passé le brevet. Globalement, ils ont vu qu’ils avaient perdu 13,78% des élèves neurotypiques, mais seulement 5,18% des élèves à haut potentiel.

Décrochage scolaire chez les enfants zèbres

Donc la deuxième hypothèse (les hauts potentiels souffrent moins de décrochage scolaire à la fin du collège) est aussi vraie.

Les surdoués sont plus motivés

On passe maintenant sur les questions de motivation et d’efficacité. Alors ce premier schéma-là encore un schéma tiré de l’étude. Il parle de l’efficacité. On voit que globalement les personnes neurotypiques (en bleu) ont une moyenne plus haute que les personnes à haut potentiel. Ça montrerait que, a priori, c’est les neurotypiques qui se sentent plus efficaces. Mais les scientifiques notent quand même que cet écart est là mais qu’il n’est pas assez grand pour être significatif.

Et quant à la motivation par contre, cette fois c’est les hauts potentiels (en jaune) qui sont plus motivés. Ils ont une motivation interne (intrinsèque) plus grande et une motivation externe (extrinsèque) plus grande aussi.

Alors l’hypothèse 3 est donc à la fois vraie et à la fois fausse. Les HP sont plus motivés mais moins efficaces. Enfin, ils se jugent moins efficaces parce que les questionnaires sur lesquels ils devaient répondre demandaient comment eux se percevaient.

Les quotients intellectuels de 6ème sont liés aux QI de 3ème

Et enfin dernière hypothèse sur le rapport entre le QI de 6ème et le QI de 3ème. Globalement ils ont remarqué que les deux étaient liés. Un haut score en 6ème prédit généralement avec un haut score en 3ème. Également, un haut QI en 6ème peut prédire des bons résultats en 3ème au brevet.

Ce qu’il est important de noter aussi, c’est que c’était aussi bien valable pour les garçons que pour les filles. On a tendance, à tort, à penser que les filles HP s’en sortent mieux  à l’école parce qu’elles plus facilement « se soumettre » aux règles, elles vont être moins dans la rébellion que les garçons. Et bien ces résultats-là, cette étude-là, prouvent que non. C’est pareil pour tout le monde. Donc l’hypothèse 4 est validée.

Conclusion

Que peut-on en conclure, si je vous ai un peu perdu avec tous mes chiffres ?

Déjà, être enfant précoce ne rime pas avec échec scolaire, bien au contraire ! On voit plutôt que les enfants précoces et les enfants zèbres ont des meilleurs résultats scolaires et décrochent moins de l’école.

Globalement les EIP sont plus motivés par leurs études même s’ils sont un peu moins efficace. Ils ont plus de motivation et d’envie d’aller à l’école. Ça rejoint ce que j’ai toujours ressenti. Je faisais semblant de ne pas aimer l’école parce que ce n’était pas stylé et que je voulais faire des amis, mais globalement j’ai toujours aimé apprendre et j’adorais ça.

Dernier point : les hauts potentiels filles ne s’en sortent pas mieux que les garçons. C’est ce qu’on vient de dire. C’est équitable. Il n’y a pas les filles qui sont mieux que les garçons, ou les garçons qui s’en sortent mieux que les filles. Tout le monde est dans le même bateau.

Notez bien qu’il ne faut pas croire aveuglément tout ce que vont vous dire les journalistes. Le sujet du haut potentiel est encore très mal connu, et bourré de préjugés.

À la prochaine !

Sources :

Gauvrit N., Guez A., Le Cam M., Peyre H.,  Ramus F., (Intelligence), Are high-IQ students more at risk of school failure?, 2018.

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Hello ! Moi, c’est Paul. Je sors de longues années d’études en commerce international qui m’ont amené à quelques années d’expérience en management et événementiel et à la création d’une société. Ce que j’aime le plus, c’est expérimenter et tester de nouvelles choses, comprendre ce qu’il se passe. J'ai donc toujours été très curieux, je lis et j'apprends beaucoup. Afin de vous faire partager ma passion pour le développement personnel, j'ai décidé de créer Connect The Dots (CTD). Bonne lecture !