Le stéréotype du génie fou existe toujours : à quoi ressemble vraiment un surdoué ?
« Les surdoués sont émotionnellement instables et ce sont des génies fous« . Vous avez certainement déjà entendu ce genre d’affirmation. Mais est-ce que vous vous êtes déjà demandé si c’était vrai ? Et d’où elles viennent ces affirmations ? Alors je vais vous spoiler la fin tout de suite : c’est faux. On est des gens normaux. Et ce qui m’embête vraiment avec les stéréotypes, c’est qu’ils entravent vraiment le développement personnel des petits zèbres.
Alors s’il-vous-plaît, je sais que c’est plus sympa de disperser des avis négatifs sur les autres, mais prenez juste quelques minutes et lire cet article. Qui sait, peut-être que vous changerez d’avis !
Je suis Paul de Connect The Dots et mon haut potentiel a été détecté il y a plus de dix ans maintenant. Et aujourd’hui je partage ce que j’ai appris pour aider les petits nouveaux à se comprendre.
NB : cet article est la transcription de la vidéo ci-dessus
Identifier un surdoué
Pour commencer, on va faire un petit jeu. Un enfant surdoué se cache parmi ces deux enfants. On a d’abord Camille qui est plutôt populaire et bien intégrée. Ensuite on a Hugo qui, lui, est mal à l’aise avec les gens et est régulièrement malheureux. Selon vous, qui est le surdoué ? Camille ou Hugo ?

L’introduction de cet article vous a probablement aidé, mais je pense que la plupart des gens auraient répondu Hugo alors que statistiquement c’est Camille qui est surdouée.
Les véritables caractéristiques des HPI
Et je ne vous dis pas ça comme ça. Il y a vraiment beaucoup de recherches scientifiques qui le montrent. D’ailleurs, toutes les recherches dans je vais parler seront disponibles en bas de cet article.

Par exemple, on voit que les surdoués sont généralement supérieurs en termes de potentiel intellectuel et surtout de réussite et de caractéristiques connexes. Ils ont des meilleures notes, une plus grande ouverture, un concept de soi et une estime de soi académique plus élevés, ils ont moins d’anxiété de performances, des aspirations scolaires plus élevées.
Par contre, concernant les caractéristiques socio-émotionnelles, là, les preuves scientifiques expliquent qu’ils sont très similaires aux personnes neurotypiques. Ils ne sont pas plus sujets à la dépression et l’anxiété, ils ont des niveaux de stress et de bien-être similaires, et ils ont autant de capacités sociales. Encore une fois, je n’invente rien. Vous retrouverez les articles scientifique en bas de page.
D’où vient le stéréotype ?
Alors pourquoi est-ce qu’on a tendance à imaginer le surdoué plutôt comme Hugo alors qu’en réalité il est comme Camille ? Il y a deux hypothèses à ça. La première, c’est qu’il y a une mauvaise représentation médiatique des surdoués. Vous les voyez certainement à la télé, dans les journaux, etc. où le but est de montrer un cliché stéréotypé et faux.
Ensuite, il y a le biais d’échantillonnage. Je ne vais pas forcément revenir là-dessus. J’en avais parlé dans la newsletter. Je vous invite vraiment à vous inscrire. J’envoie un email tous les mardis (à ce qui le souhaitent) avec des sujets autour de la douance et de l’hypersensibilité. Les liens d’inscription sont en bas de page si besoin.
Je permets de préciser une chose : je ne dis pas que la précocité, le fait d’être haut potentiel, immunise contre tous les problèmes. Il y a des surdoués qui sont dépressifs. J’ai moi-même fait une dépression. Il y en a qui sont anxieux ou qui ont beaucoup de mal à l’école. Quand un surdoué a des difficultés et des problèmes psychologiques il faut lui venir en aide. Mais il ne faut pas pour autant en conclure que c’est ce haut potentiel qui a créé la difficulté psychologique. Vous voyez ?
Expérience scientifique
La chercheuse Tanja Baudson a réalisé une étude sur ces stéréotypes. Pour ce faire, elle a demandé à plus de 1000 Allemands qui avaient globalement tous les âges et qui étaient répartis de façon plutôt représentative. Ces 1000 Allemands ont dû noter cinq critères sur les personnes HPI. Il y avait le potentiel élevé, les meilleurs résultats, la supériorité générale, la stabilité émotionnelle et les relations sociales.

Ces critères étaient notés sur 5, de « pas du tout d’accord » à « totalement d’accord ».
Globalement, le potentiel élevé, les meilleurs résultats, et la supériorité générale ont eu des notes plutôt positives (donc au-dessus de 2,5/5). Par contre, la stabilité émotionnelle et les relations sociales ont des notes plutôt négatives (en dessous de 2,5/5).

Ce que Tanja Baudson a réussi à voir, c’est que 2/3 des répondants avaient des préjugés négatifs sur les surdoués. Et ça, ça fait mal.
Qui propage ces stéréotypes sur les surdoués ?
Mais il y a une chose qui l’a vraiment surprise (et qui permettrait peut-être d’expliquer l’origine de ces stéréotypes). Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que pour participer à l’expérience, en plus de répondre à ces cinq questions sur les surdoués, ils devaient aussi donner quelques caractéristiques sociodémographiques sur eux (d’où ils viennent, leur revenu, leur situation familiale, etc.).

Ceux qui ont répondu négativement étaient plutôt (1) des hommes. Ils ont répondu 1,39 fois plus négativement que les femmes. (2) C’étaient plutôt des personnes célibataires avec enfants – qui ont répondu trois fois plus négativement que les célibataires sans enfant. (3) C’étaient plutôt des chômeurs – qui ont répondu 2,81 fois plus négativement que les personnes actives avec un travail. (4) Et c’étaient plutôt des personnes aisées financièrement. Plus ils avaient d’argent, plus ils répondaient négativement (jusqu’à 3800€ je précise – après 3800€/mois ça baisse).
Pourquoi les propagent-ils ?
C’est grâce à ces éléments que Tanja Baudson a émis une idée, ou plutôt une proposition pour des futures recherches sur la source de ces stéréotypes. Selon elle, ce serait dû à la peur de la différence. Je vais la citer et je ne vais pas vous donner d’avis là-dessus juste. Je vous laisse vous faire votre opinion.
Le fait que la même relation ait été identifiée pas pour les hommes et les groupes à revenus plus élevés corrobore cette interprétation. Les genres réagissent différemment à la menace et à la compétition intergroupes
Je vous laisse méditer là-dessus. Moi, je ne donne pas mon commentaire personnel parce que ça va me retomber dessus. Je vous donne les infos, à vous de vous faire votre propre opinion.
Pour aller plus loin
En tout cas, si vous voulez continuer d’approfondir le sujet des stéréotypes, je vous invite vraiment à lire un autre article que j’avais fait au sujet d’un autre stéréotype : le fait que les enfants précoces sont en échec scolaire. Vous verrez que c’est plutôt marginal… Il n’y en a pas tant que ça !
Je vous invite également à venir rejoindre la communauté qui reçoit de nombreux conseils sur la douance et l’hypersensibilité tous les mardis. Vous verrez on est plusieurs milliers. Il y a une bonne ambiance, c’est super sympa ! On vous attend !
À la prochaine !
Sources
Baudson TG (2016) The Mad Genius Stereotype: Still Alive and Well. Front. Psychol. 7:368. doi: 10.3389/fpsyg.2016.00368
DeYoung, C. G. (2011). “Intelligence and personality,” in The Cambridge Handbook of Intelligence, eds R. J. Sternberg and S. B. Kaufman (New York, NY: Cambridge University Press), 711–737.
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Zeidner, M., and Shani-Zinovich, I. (2011). Do gifted and non-gifted students differ on the big-five and adaptive status? Some recent data and conclusions. Personal. Indiv. Diff. 51, 566–570. doi: 10.1016/j.paid.2011.05.007