Le haut potentiel (HP) est-il plus souvent victime d’un pervers narcissique (PN) ?
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Temps de lecture : 4 minutes
Je reçois chaque semaine un grand nombre de messages autour d’une thématique : les pervers narcissiques (PN). « Bonjour Paul, j’ai encore été victime d’un PN, comment m’en sortir ?« . « Les zèbres sont-ils toujours victimes de PN ?« . « Que faire pour éviter les PN ?« . Et chaque semaine, en lisant ces messages, je réalise à quel point je n’aime pas ce terme. Vous allez comprendre pourquoi.
Thème : les zèbres et les pervers narcissiques
C’est parti pour l’email sympa de la semaine 💫
📈 Le pervers narcissique est LE sujet en vogue
Depuis quelques années, on trouve le sujet des PN à toutes les sauces :
- Biba Magazine nous explique gentiment comment reconnaître un PN
- Marie-Claire donne la parole à des victimes de PN
- Mélanie Laurent (chez Elle Magazine) nous apprend que le monde du cinéma regorge de PN
- Et enfin (mon préféré) : Topito nous donne les 10 personnages de séries qui « sont clairement des PN ». On y retrouve par exemple Rachel (de Friends) ou… Bob l’Eponge !
Et ce n’est pas étonnant. L’expression « pervers narcissique » est bankable pour tous ces sites : c’est une requête qui n’a cessé d’augmenter dans les recherches Google depuis 2004 pour atteindre aujourd’hui près de 100.000 recherchers mensuelles. Rien que ça.

Donc être positionné sur ce mot-clef est hyper stratégique pour ces magazines en ligne.
Et cette multiplication des résultats entraine un cercle vertueux (ou vicieux ?) autour de la recherche :
- Plus on la recherche, plus on crée du contenu dessus
- Plus il y a de contenu, plus on est amené à tomber dessus
- Plus on tombe sur le sujet, plus on le recherche pour se renseigner

😬 Mais il y a un problème avec le pervers narcissique…
… Et pas des moindres : les PN n’existent pas. Aïe !
Si on s’en réfère à la bible psy – le DSM-5 pour Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux) de l’American Psychiatric Association – on ne trouve rien. Walou. Que Tchi. Nada.
Seul le trouble de la personnalité narcissique y est reconnu. Pas la perversion narcissique. On peut être une personne narcissique, mais pas pervers ET narcissique.
D’ailleurs, Emmanuelle Laurent l’explique plutôt bien dans son bouquin Comme Psy Comme Ça : « Sans détour, ma position est qu’il n’existe pas de pervers narcissique. Déjà parce qu’un pervers est déjà narcissique. C’est un pléonasme. Autant dire les choses comme elles sont: perversion. Mais c’est moins vendeur. »
Alors comment en est-on arrivé là ? Il y a deux théories.
🙈 #1 Pour se dédouanner
Rappelons des évidences : dans un couple (amoureux ou amical), on est deux. Si la relation marche, c’est grace à un travail d’équipe. Si elle échoue aussi.
À partir de là, est-ce que plaquer le « diagnostique » Victime de Pervers Narcissique ne serait pas remettre toute la faute de l’échec de la relation sur l’autre ?
C’est en tout cas un point de vue que j’ai lu assez régulièrement dans des bouquins de psychologie.
🐐 #2 Pour soutenir la brebis qui se fait croquer par le grand méchant loup
Il y a une règle hyper importante en business : on ne critique JAMAIS la personne à qui on essaye de vendre un produit (ou à qui on vient de le vendre).
C’est pour cette raison saupoudrée de l’effet barnum dont on a parlé la semaine dernière que nos papesses zébrées (Jeanne Siaud-Facchin ou Christel Petitcollin pour ne citer qu’elles) vous expliqueront TOUJOURS que, en tant qu’HP, vous êtes une gentille personne qui se fait constamment agresser par les méchants PN du monde.
Vous êtes la jolie brebis qui se fait croquer par le grand méchant loup.
Ou plutôt le joli petit zèbre qui se fait croquer par le grand méchant lion. 🦁
Mais le plus important : ce n’est pas de votre faute. C’est votre nature (gentille et plus intelligente que la moyenne) qui fait de vous la victime idéale. C’est agréable à lire non ?
📣 Petit retour à la réalité
« Oui Paul mais tu comprends moi je suis HP, je ressens le monde et je ne pourrais pas faire de mal à une mouche. La justice est trop importante pour moi pour que le devienne PN et que je fasse du mal à quelqu’un« .
Parlons d’un concept. Les HP, ou plutôt les HP qui savent qu’ils sont HP, sont plus intelligents mais aussi… plus idiots.
C’est du moins la théorie (brillante) de David Robson dans son livre Pourquoi l’intelligence rend idiot. En gros, le HP après avoir passé son test de QI sait qu’il est plus intelligent. Il a un quotient intellectuel qui est fondamentalement plus élevé que les autres.
Mais en se sachant plus intelligent, il va moins facilement remettre en question ses idées et raisonnements. Après tout, pourquoi écouter quelqu’un avec un QI plus bas ? Si j’ai une idée et que je suis HP, c’est forcément ma grande intuition qui parle. Mon idée est forcément meilleure.
C’est un raisonnement qui se vérifie, par exemple, quand on remarque que les nazis jugés au procès de Nuremberg avaient, en moyenne, des QI nettement supérieurs à la moyenne.
Bref, loin de moi l’idée de dire que tout ce que l’on sait sur le PN est à jeter par la fenêtre. Je voulais simplement apporter un peu de subtilité au sujet :
- Le fait d’être HP n’immunise en rien le fait d’être un PN. Il y a des cons partout
- Le fait d’être HP ne vous rend pas la « victime idéale » d’un PN
- Attention à ne pas dire de quelqu’un que c’est un PN comme justificatif de l’échec d’une relation
On se retrouve mardi prochain 💘
Paul
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