Le biais d’échantillonnage chez les surdoués

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Thème : les stéréotypes 

Temps de lecture : 4 minutes

 

Paul, voilà de quoi on va parler aujourd’hui :

  1. Les méchants potins 🤐
  2. Mais au fond, est-ce sa faute ? 🤔
  3. Le biais d’échantillonnage 🧪
  4. Envie de vous en parler 💬

🤐 Le biais d’échantillonnage est à l’origine de stéréotypes autour des personnes surdouées

Vrai ou faux : les HPI ont de meilleurs résultats scolaires, n’ont pas de difficultés sociales, et ne sont pas plus stressés que les neurotypiques ? Eh bien statistiquement, c’est vrai. ✅

Alors pourquoi a-t-on tendance (moi compris) à imaginer le surdoué comme étant mal à l’aise avec les autres, hyper tendu et en échec scolaire ? C’est ce qu’à cherché à comprendre la chercheuse Tanja Baudson en interrogeant un millier de volontaires sur leur vision de la douance.

Résultat #1 : globalement, les volontaires pensent que les HPI ont de meilleurs résultats (scolaires / pro), mais qu’ils sont à la ramasse en « stabilité émotionnelle » et « relations sociales ». Des geeks quoi 🧑🏼‍🎓

Résultat #2 (et c’est là que ça devient fou) : ceux qui ont mis des notes négatives étaient… les hommes(1,39 x plus négatifs que les femmes), les célibataires avec enfants (3 x plus négatifs que ceux sans enfants), les chomeurs (x2,81 vs population active) et ceux dont les revenus n’excèdent pas 3,8k€/mois.

 

Et la question qu’on se pose tous c’est pourquoi ? Pourquoi l’homme, le célibataire avec enfant, le chômeur, et le middle-class ont un a-priori négatif sur les compétences socio-émotionnelles des HPI ? Miss Baudson émet une hypothèse : la peur de la différence.

Je la cite : « Les personnes intimidées par le potentiel incontestablement plus élevé des surdoués pourraient valoriser leurs concurrents (imaginaires) en leur attribuant des caractéristiques socio-émotionnelles négatives, faisant ainsi face à la menace et à l’infériorité perçues, ce qui pourrait expliquer pourquoi le chômage prédit des notes discordantes. Le fait que la même relation ait été identifiée pour les hommes […] corrobore cette interprétation. Les genres réagissent différemment à la menace et à la compétition intergroupes »

Je vous laisse méditer là-dessus.

🤔 Mais au fond, est-ce sa faute ? Les dangers du biais d’échantillonnage des HPI

Est-ce qu’on peut vraiment en vouloir à cet homme, à ces célibataires avec enfants, à ces chômeurs, et à ce monsieur-tout-le-monde ? J’aurais tendance à dire non.

Non, car je coche plusieurs catégories sur les 4, donc je suis certain qu’il y a plein de gens biens là-dedans (🙄 !!).

Mais surtout parce qu’on observe un problème majeur lié au biais d’échantillonnage, dont j’ai parlé la semaine dernière. Une belle partie des grands médias se base sur des travaux réalisés par des psychologues clinicien(ne)s, comme Jeanne Siaud-Facchin ou Monique de Kermadec.

Or, ces travaux mettent en avant les HPI « à problème » (dont j’ai fait partie). Pour une grande majorité de zèbres, tout va bien. Ils ne seront au passage jamais détectés. D’ailleurs, les recherches scientifiques (qui, elles, luttent au maximum contre ce biais d’échantillonnage) trouvent des résultats différents.

Franck Ramus en parle très bien. Il explique que la plupart des surdoués ne savent pas qu’ils le sont et ne font que rarement parler d’eux. Ils « sont ignorés des psys, des associations, des sites internet, des livres spécialisés et du discours médiatique sur les surdoués« .

Et ce flou entre ce que dit la science et ce que disent certains médias fait qu’on s’y perd. Par exemple, dans son article « Le parcours scolaire parfois chaotique des enfants surdoués« , Le Monde appuie sur l’image de l’échec scolaire des petits zèbres… alors qu’une grande majorité d’entre eux vont réussir brillamment à l’école.

 

Donc est-ce que c’est de sa faute ? Non.

 

Attention : j’ai parlé ici de statistiques. Cela ne veut pas dire que (1) les bouquins en question ne sont pas valables ou que (2) les surdoués vont forcément bien. Au contraire, certains ne vont pas bien et ont besoin d’un accompagnement (encore une fois, ça a été mon cas). Pour ceux-là, ces livres sont une vraie mine d’or.

Je ne faisais que pointer du doigt le fait que, objectivement, la majorité d’entre nous va bien et que ce qu’on peut lire parfois (y compris sur mon blog / mes vidéos) ne s’adresse qu’à une petite population des zèbres. 

🧪 Le biais d’échantillonnage chez les zèbres

Selon Wikipedia : « Un échantillon biaisé est un ensemble d’individus d’une population, censé la représenter, mais dont la sélection des individus a introduit un biais qui ne permet alors plus de conclure directement pour l’ensemble de la population ».

En gros, on prend un échantillon que l’on veut être représentatif mais qui ne l’est pas (dans notre cas les surdoués) pour en tirer une généralité.

Par exemple, si une psychologue qui se base sur les HPI qu’elle a en consultation vous dit que tous les HPI sont mal dans leur peau, c’est (1) normal et (2) faux.

(1) normal car tous les HPI qu’elle va voir sont, a priori, mal dans leur peau – sinon ils n’iraient pas la voir.

(2) faux car, statistiquement, ce n’est pas le cas.

En fait, la psychologue en question pense étudier et se baser sur un échantillon représentatif de tous les surdoués, mais ce n’est pas le cas. Elle ne voit que des « hauts potentiels à problème ». Plein d’autres vont bien et ne sont pas détectés.

L’échantillon de son étude est biaisé.

💬 Envie de vous en parler

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Allé, à mardi prochain !

Paul

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